« La diversité culturelle élargit les possibilités de
choix offertes à chacun ; elle est l’une des sources du développement,
entendu non seulement en termes de croissance économique, mais aussi comme
moyen d’accéder à une existence intellectuelle, affective, morale et spirituelle
satisfaisante » article 3, Déclaration universelle sur la diversité
culturelle, Unesco 2001.A Porto-Novo l’une des grandes villes du Bénin,
la diversité des peuples favorise grandement le développement et constitue la
racine de la légendaire terre d’accueil connue à cette localité.
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L'Afrique est riche de sa diversité culturelle
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Le désir d’imposer la charia par des groupes de fanatiques islamistes au nord du Nigéria continu de coûter aux chrétiens du pays de nombreuses vies. De nombreuses attaques de nature terroriste contre des églises montrent combien dans un même pays les différences de religion ont conduit à l’intolérance et aux conflits inter-religieux au sein d’un peuple pourtant typiquement africain. Le conflit malien continu de montrer son lot de ségrégation ethnique et religieuse. La Libye depuis la chute du guide révolutionnaire Mouammar Khadafi n’a pas encore connu une paix digne du nom car entre même peuple libyen l’on continu de distinguer des partisans du guide des partisans de la nouvelle Libye. Le Rwanda de son coté continu de panser les plaies du génocide de 1994 entre peuples Hutu et Tutsi, fruit historique de l’intolérance….et au Bénin, pays cité pour sa démocratie d’une vingtaine d’années, tout laisse croire que les communautés n’ont aucune différence de culture, pas de conflits religieux, presque pas d’affirmation culturelle de supériorité entre les peuples et le béninois à l’intérieur de son pays vie naturellement sans complexe. C’est le signe d’une diversité presque héréditaire qu’il faut promouvoir et sauvegarder pour les générations actuelles et futures. Porto-Novo, la ville capitale est un exemple témoin de cette diversité des peuples facteur d’unité et de paix dans les communautés.
Rencontre de communautés multiples et des cultures
« ….ça fait plus de trente
ans que je vis à Porto-Novo et jamais je n’ai été victime de
ségrégation parce que je suis fon…..d’ailleurs j’ai une femme goun et tous mes
enfants ont grandi ici et se sentent plus de Porto-Novo que d’Abomey »
A. Apollinaire, commerçant.
Comme ce citoyen béninois d’origine fon,
ils sont nombreux les béninois de diverses ethnies vivant dans la ville
capitale à forte présence de goun et de yoruba .Tori, goun, fon, mina,
wémè, nago voilà autant de communautés qui se côtoient chaque jours dans les
rues de Porto-Novo sans qu’on s’en aperçoive parce qu’il faudra que l’individu
vous dise « je suis aizo » ou « je suis de gléwhé » pour
que l’on sache qu’il parle autre langue que le goun devenu la langue de tous.
Les longues années de cohabitation pacifique entre les originaires de
Porto-Novo et d’autres communautés a engendré dans cette ville une intégration
culturelle très profonde entre les habitants. Il n’existe presque pas de
xénophobie entre les diverses communautés qui constituent la population de la
ville ; on n’en parle même pas. La preuve, Porto-Novo est une cité très
ouverte et accueillante. En témoigne pour exemple la forte présence de communauté
nigériane très souvent d’ethnie ibo qui s’intègrent facilement aux béninois et
vivent presque comme à domicile. Ils sont acceptés parce que leur rôle
économique n’est pas à négliger dans le domaine du commerce. Matériels
électroniques, pièces détachés de véhicules, ils en sont les spécialistes et
constituent même les commerçants majoritaires dans le marché gbègo en plein
cœur de la ville qui passe pour être un marché des nigérians. C’est la preuve
que dans Porto-Novo la tradition de l’acceptation de l’autre reste légendaire
et fait de cette commune du Bénin un territoire où il fait bon vivre et où
chaque béninois se sentent comme dans sa ville natale. Cette cohabitation est
sans aucun doute le fruit des relations de coopération interethniques qu’a
connu Porto-Novo dès les premières heures de la création du royaume de
hogbonou. C’est sans nul doute aussi le fruit de son caractère de cité de
retour des esclaves affranchis après l’abolition de la traite négrière créant
pour la ville une destination dont l’originalité échappe même déjà aux
autochtones. Porto-Novo semble ne plus être aujourd’hui aux ainonvi comme on le dit mais tout simplement aux béninois. Cela
ne peut en être autrement puisque ceux qui s’investissent pour le
rayonnement de la ville ne sont pas que originaire identique de Porto-Novo. La
ville aux trois noms est un exemple très partant de ville dont la diversité
ethnique, culturelle et religieuse constitue un véritable facteur d’unité et de
paix entre les communautés vivantes sur ce territoire.
Bonne cohabitation religieuse
Fidèles de religions endogènes, fidèles de
la religion chrétienne catholique, christianisme céleste, évangéliste et autres
ajouté aux frères et sœurs en islam voilà autant de diversités religieuses
présentes à Porto-Novo. Il suffit de les invités autour d’une question de
développement et on ne reconnait plus le chrétien du musulman ou le céleste du
vodouisan. C’est dire que la diversité religieuse n’a jamais été un frein au
développement de la ville. Nul par un citoyen de Porto-Novo ne s’est
plaint pour discrimination parce qu’il est d’une religion
donnée. Au contraire la diversité religieuse de la ville est une source de
promotion de valeurs morales et culturelles qui constituent un
consensus de cohabitation entre les peuples. Les leaders religieux incarnent
une certaine sagesse et sont sollicités par les leaders politiques dans la
résolution de crise s’il y en a. Les autorités locales ne manquent pas de
solliciter l’apport des leaders religieux dans l’exécution des projets de développement
touchant les communautés. Et cela marche très souvent parce que les
populations, elles mêmes, ne font aucune distinction de religion lors des
grandes sensibilisations. Quand l’iman central parle lors d’une sensibilisation
pour la lutte contre le paludisme par exemple, il parle pour des musulmans et
les non musulmans et les populations, déjà très diversifiées font usage des
conseils des responsables religieux. Un exemple qui traduit combien les
différences de religions entre les béninois n’influent pas sur la cohésion
sociale et l’acceptation du prochain, c’est l’euphorie générale et la communion
de joie partagée entre les fidèles des autres religions et les catholiques à
l’occasion de la visite du Pape Benoit 16 en novembre 2012.La même solidarité a
été observée entre toutes les religions avec la religion du christianisme
céleste quand le pasteur mondiale Benoit Agbaossi est décédé. Les compassions
et les regrets n’étaient pas exprimés par les seuls célestes. Toutes les
religions reconnaissaient à l’homme les valeurs qu’il a incarnées pendant qu’il
était en vie. Il en est de même de Monseigneur Isidore de Souza reconnu par
tous comme une icône national pour son rôle au cours de la conférence
nationale. La diversité religieuse est source de paix car les religions ne
prêchent que la paix et l’unité des peuples. Bien en entendu qu’un pays où il y
a la paix et la fraternité entre les citoyens se concentrera mieux sur les
efforts de développement que de perdre les ressources dans la résolution de
conflits divers entre communautés un peu comme on le voit ailleurs.
Les textes et les actes
L’article 2 de la déclaration universelle
sur la diversité culturelle adoptée par l’Unesco en 2001 traduit bien combien
la promotion de la diversité est une thérapie à tout mal qui pourrait engendrer
dans l’esprit des communautés les germes du régionalisme. Un extrait
dispos « Dans nos sociétés de plus en plus diversifiées, il est
indispensable d’assurer une interaction harmonieuse et un vouloir vivre
ensemble de personnes et de groupes aux identités culturelles à la fois
plurielles, variées et dynamiques. Des politiques favorisant l’inclusion et la
participation de tous les citoyens sont garantes de la cohésion sociale, de la
vitalité de la société civile et de la paix…. » Le point b de
l’article premier statuant sur les objectifs de la convention sur la protection
et la promotion de la diversité des expressions culturelles adoptée par
l’Unesco en octobre 2005 ajoute qu’il est indispensable « ….de créer
les conditions permettant aux cultures de s’épanouir et interagir librement de
manière à s’enrichir mutuellement ». C’est ici que les partis
politiques de notre pays ont la lourde responsabilité de jouer leurs partitions
dans la promotion de la paix entre les peuples. Dans les pays africains et pas
moins au Bénin, il n’est pas rare de constater que les politiciens dans la
quête du pouvoir sèment entre les communautés d’un même territoire les germes
de la division. Ce sont eux qui pour des intérêts éphémères font éclater
les communautés en groupes ethniques ; ce qui parfois donne naissance à
des conflits interethniques. La politique doit cesser d’être une contrainte à
l’expression de la diversité entre les communautés puisque au Bénin les périodes électorales sont très
souvent des occasions où les citoyens, manipulés à dessein ou non font de
l’identification ethnique qui est déjà un mal l’expression de la diversité. On
parle de voter pour le sang, de voter pour le candidat de sa région, de son
ethnie. Vivement qu’en ces occasions, il y beaucoup d’organisations au
Bénin qui sensibilisent les communautés à prendre de la hauteur sur les
discours politiques qui sont de nature à inciter à la haine ou à la violence
tribale ; véritable poison à la vie d’une nation qui désire la paix.
Pourquoi promouvoir la diversité au Bénin ?
Les conflits qui s’éclatent un peu partout en Afrique ont entre autre pour
source la marginalisation et les clivages observés dans nos sociétés. Le Bénin
où règne une forme de paix n’est totalement pas épargné des conflits sauf si
les gouvernants réduisent considérablement les frustrations. Ils doivent comme
le demande la convention sur la protection et la promotion de la diversité des
expressions culturelles de l’Unesco « stimuler l’inter culturalité afin
de développer l’interaction culturelle dans l’esprit de bâtir des passerelles
entre les peuples ». Cela est d’autant plus important puisque la
Charte africaine des droits de l’homme et des peuples adoptée par
l’Organisation de l’unité africaine (aujourd’hui Union Africaine) en juin 1981
stipule en son article 19 que « Tous les peuples sont égaux ; ils
jouissent de la même dignité et ont les mêmes droits. Rien ne peut justifier la
domination d’un peuple par un autre ». Il est donc claire qu’aucune
culture n’est au dessus d’une autre et pour engendrer une paix durable, celle
qui n’est pas imposée par la dictature et les armes, il suffit de créer entre
les peuples les conditions d’un dialogue interculturel qui permet aux
ressortissants de chaque région de notre pays d’épouser les réalités
culturelles de son prochain, de les comprendre et d’en tenir compte dans les
relations interhumaines. Cela ne peut qu’engendrer le respect mutuel, la
tolérance entre les peuples, l’unité, la solidarité, l’acceptation de son
prochain le tout gage de la paix qui constitue une denrée très précieuse pour
les pays africains. C’est pourquoi, les pays tel le Bénin où la démocratie
s’enracine au fil du temps doivent être fiers de l’harmonie engendrée par
l’expression de la diversité de leurs peuples. Chaque citoyen béninois doit
être fier de pouvoir exprimer son identité dans un pays où la diversité
culturelle entre les communautés est source de paix. Les frustrations naissant
dans l’esprit des béninois c’est toujours dans leurs esprits qu’il faut
construire les défenses de l’intolérance. Et cette défense n’est rien d’autre que
l’acceptation de son prochain qui à Porto-Novo notre ville cible pour cet
article est presque une garantie.
Bismarck SOSSA
Etudiant Cesti/Cnman
Bismarck SOSSA
Etudiant Cesti/Cnman