lundi 25 mai 2015

‘’La politique est une tontine’’



Depuis près de 10 ans, un autre type de fête locale est né au Bénin : la fête de remerciement et de soutien au pouvoir pour la nomination d’un fils de la localité.
La convoitise y parle plus que les convictions.
Les propos tels que: «  le président avait fait son gouvernement et nous étions dedans, il a fait un autre gouvernement nous sommes dedans, il fera encore un autre nous serons dedans. C’est ça la fidélité ! » Ou encore «  lorsque le président vous dit d’aller à gauche, vous allez à gauche, s’il vous dit d’aller à droite vous allez à droit, s’il vous dit de vous coucher vous vous couchez. C’est ça la loyauté ! »


S
amedi 23 Mai 2015, Savalou, situé dans le département des collines, fête l’élection de trois de ses fils à la députation. L’un déjà ministre, a eu la chance d’être élu député. Les deux autres anciens députés ont vu leurs sièges renouvelés.
Des délégations sont venues d’un peu partout pour partager le bonheur des habitants.
Comme de coutume en pareille occasion, le porte parole des vedettes du jour, remercie la foule pour ‘’son soutien massif au législatifs, un soutien qu’il sait déjà acquis pour les municipales prochains’’, le slogan du parti au pouvoir.
En retour, il a bénéficié de l’onction des autorités traditionnelles, qui n’ont pas manqué de tailler d’éloges le président de la république.
Nous devons remercier nos trois enfants qui n’ont pas fait comme leur frère que le président a nommé préfet de département et qui pour des convictions personnelles avait refusé alors que le chacun sait qu’occuper le poste de préfet, par exemple, c’est comme monter sur un fruitier. On se gave en haut tout en laissant de temps en temps tomber quelques fruits aux siens qui attendent en bas.
Il parle de conviction, est ce qu’on lui dit d’accepter le poste pour lui-même ou pour nous ses frères ? Commentaire du nouveau notable devant la grande foule réunie pour la circonstance.
Du côté des heureux promus, on achète la conscience du peuple pour constituer un vivier électoral et la foule qui en profite au maximum parce qu’elle a compris que c’est l’argent du peuple qui est ainsi gâché.
Personne n’est dupe, c’est du clientélisme politique.
Que se soit la nomination à un poste ministériel ou à un poste de direction la réaction de la population de cette localité comme de toutes autres localités du Bénin est la même. C’est un sport national auquel tout le peuple s’adonne volontiers. 
Sachant que ces donateurs ne se manifeste qu’à la veille des élections, plus personne ne veux bouder ce genre de fête.
Pour ne pas être accusés de ‘’bouffer’’ seuls, la nouvelle classe politique du bénin a compris qu’il faut retourner voir la population au lendemain des élections pour de grands meetings de remerciements. D’ailleurs, ils n’ont pas de souci à se faire pour le financement des festivités tant qu’ils parlent de la voix que le pouvoir.
De nouveaux groupements de femmes, viennent d’ailleurs de voir le jour : Les comités de coordination des fêtes et rassemblements politiques.
 Des groupements de femmes  dévouées aux responsables politiques à qui ils proposent des services.
« Nous avons la possibilité de vous remplir une grande salle de manifestations en quelques heures, c’est du pragmatisme révèle maman Berthe une responsable de groupement de femmes de Cotonou.
 Nous ne sommes pas des fonctionnaires et nous n’avons plus rien n’à perdre, poursuit maman Berthe, nos commerces ne marchent plus, l’argent est centralisé dans les mains de quelques individus à la limites arrogants. Donc, ça passe ou ça casse. 
D’ici les municipales et communales de juin prochain, de nombreux politiciens investiront encore s’ils veulent être élus ou réélus et nous sommes là pour les aider à dépenser les sous qu’ils nous ont volé »
L’ancienne classe politique est obligée de se mettre dans la danse au risque de perdre du terrain.
Brice Edmond TCHIBOZO