vendredi 22 mai 2015

RARETE DE POISSONS A COTONOU

Les quelques rares poissons retrouvés au port de pêches

Trouver du poisson de mer frais dans nos marchés depuis la deuxième quinzaine du mois de Mars relève désormais d’un véritable parcours de combattant. Le poisson se fait de plus en plus rare et cela se ressent dans le panier de la ménagère.
Le poisson est en manque à Cotonou. Ce fruit de mer, très apprécié par le consommateur béninois qui affectionne le bon riz au poisson après une journée de dur labeur, se fait rare sur le marché. Au port des pêches ce jeudi matin, l’ambiance est calme. Pas d’affluence. Hormis le bruit des vagues et quelques poches de bavardage ça et là, le lieu a perdu son ambiance habituelle.
Pour cause, le poisson est en manque. Sous le grand hangar du port des pêches, un groupe de poissonnières scrutent l’horizon dans l’espoir de voir accoster une pirogue regorgeant de poissons, et surtout à moindre coût, qu’elles pourraient ensuite aller revendre au marché. Mme Adjokè est l’une d’entre elles. A l’instar de ses autres collègues vendeuses de poisson présentes sur le quai, elle se nourrit d’espoir. « Le poisson se fait très rare ces temps-ci. De ce fait, les prix ont augmenté », explique-t-elle. Les clients me harcèlent en demandant pourquoi je ne les fournis plus. Je suis ici pour voir comment trouver du poisson pour les satisfaire, peu importe la quantité", ajoute une autre assise sur une bassine. Pour le Secrétaire Général de l’Union des pêcheurs marins du port autonome Cotonou Germain AGBOSSONGBO, cette situation date de 2004. « De Mars à Juin, chaque année, il y a une baisse de capture. Et nous considérons cette période comme la saison morte » a dit monsieur  Germain AGBOSSONGBO, avant d’ajouter que  « la saison de bonne capture ne démarre qu’en Juin avec l’arrivée des espèces pélagiques telles que les thons, les maquéros, les brochets, les sardines etc. et ça dure jusqu’en Février ». Pour lui donc, le phénomène de baisse de capture n’est pas propre qu’au Bénin. Il est général et constaté aussi dans les pays de la sous-région. « C’est un phénomène mondial peut-être lié aux changements climatiques ou déferlement des algues qui empêchent d’aller en mer  » a-t-il précisé. A cela, il faut ajouter que l’État n’a mis en place aucune politique de développement de la pêche. Le Bénin ne dispose d’aucun navire de pêche qui bât pavillon béninois. Alors que les pays voisins comme le Togo et le Ghana ont des navires qui viennent pêcher les poissons béninois parce qu’il n’y a pas de système de surveillance en place au Bénin. A cela s’ajoute l’indélicatesse de certains acteurs qui utilisent des engins prohibés. Toute chose qui décime la réserve disponible. Malgré l’existence  de loi cadre des pêches votée en Août 2014, le Bénin ne sort que dix mille tonnes de poissons par an alors que le Togo voisin en débarque 60 à 70 mille tonnes chaque année, selon des chiffres fournis par Faustin HOUNKPATIN chef section statistiques et pesé au port de pêche artisanale de Cotonou. Pour monsieur HOUNKPATIN, les raisons de la raréfaction sont à chercher aussi ailleurs. «  Peut-être que nous en exportons beaucoup au point d’en priver la population locale ou l’augmentation rapide de la  population fait que la demande dépasse l’offre » a-t-il fait remarquer. Dans les restaurants, cela se ressent dans l’assiette du client. « Les plats habituellement vendus à 2500 voire 3000 francs CFA ont connu de légères augmentations » nous a expliqué Crépin BAMOIN cuisinier dans une auberge de la place.
Cette pénurie temporaire ne devrait pas avoir d'impact sur les prix, regrette monsieur Afortontè de la Direction des pêches,  



Djibril YESSOUFOU