Une activité pécuniaire
plutôt féminine au port de pêche de Cotonou
L’enjeu est désormais
de taille, la femme béninoise s’investie à assurer la sécurité sociale à ses
enfants. Pour ce faire elle s’adonne à plusieurs activités économiques qui ne
semblent être aisées. Au port de pêche de Cotonou, les femmes s’agglutinent
devant les poissonneries pour s’arracher les clients à qui, elles écaillent les
poissons et découpent les viandes. Un métier pas comme les autres pour la gente
féminine. A côté de cette activité, les risques d’accidents et de maladies ne
sont pas des moindres. Angelina et Sylvie toutes deux découpeuses de poisson de
mer et de viande au port de pêche nous ont expliqué les motifs du choix de ce
métier ainsi que les difficultés qu’elles rencontrent dans l’exercice.

Elles sont environ une
dizaine de femme à se disposer devant les poissonneries installées dans le port
de pêche de Cotonou. Ici c’est sur des tables convenablement disposées et avec
des couteaux de toutes sortes aiguisés, que le travail se fait. En équipe de
trois, quatre ou seule parfois, ces mères de famille écaillent et morcellent
les poissons achetés par les clients. Ceux-ci, après achat de plusieurs cartons
de poisson de différents types ou de viande, ils payent convenablement la main
d’œuvre des femmes découpeuses de ces produits. Avec leur bébé au dos,
sous le soleil chauffant, elles arrivent à satisfaire leur clientèle et à faire
une recette de 2.000 à 5.000 FCFA chacune, la journée surtout les weekends.
Ainsi, le découpage du kilogramme de poisson se fait à 75 F et à 50F, celui de
la viande. A cet effet, dès que les que les clients affluent le milieu, ces
dames se disputent les marchés afin de pouvoir gagner assez d’argent. Angélina,
veuve et mère de 2 enfants, a expliqué les raisons de son insertion dans cette
profession. « Mon mari est mort il y a quelques années. Moi-même je
n’ai pas appris un métier je suis revendeuse de petit article. Mes enfants
expriment chaque jour des besoins relatifs à leur éducation scolaire. Après le
décès de leur père les charges me pesaient. Consciente de cette situation, j’ai
décidé donc d’entreprendre. Mais quoi faire donc pour gagner de l’argent et subvenir
aux besoins de mes enfants. Je me suis donc ralliée à ma voisine de maison qui
vendait du poisson frais au port de pêche de Cotonou, elle me proposa alors ce
travail : écailler et découper les poissons au port. Les débuts étaient
difficiles pour moi, mais je me suis habituée et j’arrive à mon sortir dès à
présent Nous découpons les gros et petits poissons de mer tels que : le
tilapia, le mérou, le mulet, les dorades, le silure, la sole, le bar, le faue
bar, le chinchard… et en ce qui concerne les viandes : la viande de bœuf,
la cuisse de bœuf, de mouton ainsi que toute sorte de viande de brousse… ».
La journée de ces travailleuses reste parfois longue et fatigante. Elle dépend
de l’heure d’ouverture et de fermeture des poissonneries environnantes.
Pour Sylvie, mère de
quatre enfants, elle est couturière de formation. Faute de moyens pour
s’auto-employer, elle décida de suivre sa mère qui était découpeuse de poisson
au port. Au fil du temps, sa mère lui céda la place d’où elle devient désormais
pratiquante de cette activité et ceci depuis quelques années. « Mon mari
est conducteur de taxi-moto mais nos moyens ne suffisaient pas à joindre les
deux bouts. C’est mon quatrième enfant qui est dans mon dos, les autres sont
déjà à l’école. Je gagne à la sueur de mon front dans cette activité. Et
l’argent suffit juste pour le pain quotidien et mon déplacement. Je n’économise
pas en réalité puis que je ne gagne pas assez pour le faire. Mais pour moi
c’est mieux que rien. »
Les conditions
professionnelles de ces femmes n’étant pas facile, elles se montrent plus que
déterminer et rompues à l’œuvre. Selon Angélina et Sylvie. Les risques
d’accidents sont énormes dans cette activité.
Les difficultés
rencontrées dans l’exercice du métier
Comme tout métier,
celui du découpage du poisson reste une activité difficile selon les
pratiquantes. Exposer au soleil des heures durant et parfois avec le bébé au
dos, elles sont victimes du paludisme, de la fièvre, des maux de tête, de la
migraine... A force de rester debout toute la journée, les douleurs cérébrales
se font sentir. Aussi ces femmes sont dans la plus part du temps coupées par
les outils de travail, ou même piquées par les arrêtes des poissons. Ce qui
crée des infections graves, quand celles-ci sont négligées ou males soignées. A
cause de l’aspect de l’activité exercée, ces femmes restent dans l’obligation
de porter des vêtements impropres ce qui leur donne des démangeaisons sur le
corps. Aussi, ces dernières trempent très souvent leurs pieds et mains dans les
eaux salles utilisées pour laver les poissons. Ce qui favorise le panaris selon
Angélina et Sylvie. Une situation qui selon elles, n’est pas pour autant
désagréables puisque l’habitude y est. « Outre ces difficultés que nous
rencontrons, les relations entre nous femmes exerçant ce métier, restent
parfois désagréable, nous nous arrachons à des moments donnés les marchés et
les clients, ce qui crée des frustrations au niveau des unes et des autres. Des
disputes ne cessent de s’éclater mais nous restons surtout solidaires ».
Les conditions de travail étant difficiles, celles sanitaires l’est encore
plus. Ces femmes soufrent de façon récurrente des maladies diarrhéiques et des
infections cutanées. Dans ces cas de figure elles disent recourir à un
traitement peu efficace. Ce qui crée d’autres pathologies à confirmer le
médecin généraliste Joslyn Acakpo. Avec les moyens limités, ce sont les médicaments
du marché qui constituent leur premier secours.
Sonia Hadonou
Sonia Hadonou