jeudi 21 mai 2015

Découpage du poisson de mer et de viande

Une activité pécuniaire plutôt féminine au port de pêche de Cotonou

L’enjeu est désormais de taille, la femme béninoise s’investie à assurer la sécurité sociale à ses enfants. Pour ce faire elle s’adonne à plusieurs activités économiques qui ne semblent être aisées. Au port de pêche de Cotonou, les femmes s’agglutinent devant les poissonneries pour s’arracher les clients à qui, elles écaillent les poissons et découpent les viandes. Un métier pas comme les autres pour la gente féminine. A côté de cette activité, les risques d’accidents et de maladies ne sont pas des moindres. Angelina et Sylvie toutes deux découpeuses de poisson de mer et de viande au port de pêche nous ont expliqué les motifs du choix de ce métier ainsi que les difficultés qu’elles rencontrent dans l’exercice.




Elles sont environ une dizaine de femme à se disposer devant les poissonneries installées dans le port de pêche de Cotonou. Ici c’est sur des tables convenablement disposées et avec des couteaux de toutes sortes aiguisés, que le travail se fait. En équipe de trois, quatre ou seule parfois, ces mères de famille écaillent et morcellent les poissons achetés par les clients. Ceux-ci, après achat de plusieurs cartons de poisson de différents types ou de viande, ils   payent convenablement la main d’œuvre des femmes découpeuses de ces produits. Avec leur bébé au dos, sous le soleil chauffant, elles arrivent à satisfaire leur clientèle et à faire une recette de 2.000 à 5.000 FCFA chacune, la journée surtout les weekends. Ainsi, le découpage du kilogramme de poisson se fait à 75 F et à 50F, celui de la viande. A cet effet, dès que les que les clients affluent le milieu, ces dames se disputent les marchés afin de pouvoir gagner assez d’argent. Angélina, veuve et mère de 2 enfants, a expliqué les raisons de son insertion dans cette profession. « Mon mari est mort il y a quelques années. Moi-même je n’ai pas appris un métier je suis revendeuse de petit article. Mes enfants expriment chaque jour des besoins relatifs à leur éducation scolaire. Après le décès de leur père les charges me pesaient. Consciente de cette situation, j’ai décidé donc d’entreprendre. Mais quoi faire donc pour gagner de l’argent et subvenir aux besoins de mes enfants. Je me suis donc ralliée à ma voisine de maison qui vendait du poisson frais au port de pêche de Cotonou, elle me proposa alors ce travail : écailler et découper les poissons au port. Les débuts étaient difficiles pour moi, mais je me suis habituée et j’arrive à mon sortir dès à présent Nous découpons les gros et petits poissons de mer tels que : le tilapia, le mérou, le mulet, les dorades, le silure, la sole, le bar, le faue bar, le chinchard… et en ce qui concerne les viandes : la viande de bœuf, la cuisse de bœuf, de mouton ainsi que toute sorte de viande de brousse… ». La journée de ces travailleuses reste parfois longue et fatigante. Elle dépend de l’heure d’ouverture et de fermeture des poissonneries environnantes.
Pour Sylvie, mère de quatre enfants, elle est couturière de formation. Faute de moyens pour s’auto-employer, elle décida de suivre sa mère qui était découpeuse de poisson au port. Au fil du temps, sa mère lui céda la place d’où elle devient désormais pratiquante de cette activité et ceci depuis quelques années. « Mon mari est conducteur de taxi-moto mais nos moyens ne suffisaient pas à joindre les deux bouts. C’est mon quatrième enfant qui est dans mon dos, les autres sont déjà à l’école. Je gagne à la sueur de mon front dans cette activité. Et l’argent suffit juste pour le pain quotidien et mon déplacement. Je n’économise pas en réalité puis que je ne gagne pas assez pour le faire. Mais pour moi c’est mieux que rien. »
Les conditions professionnelles de ces femmes n’étant pas facile, elles se montrent plus que déterminer et rompues à l’œuvre. Selon Angélina et Sylvie. Les risques d’accidents sont énormes dans cette activité.  

Les difficultés rencontrées dans l’exercice du métier

Comme tout métier, celui du découpage du poisson reste une activité difficile selon les pratiquantes. Exposer au soleil des heures durant et parfois avec le bébé au dos, elles sont victimes du paludisme, de la fièvre, des maux de tête, de la migraine... A force de rester debout toute la journée, les douleurs cérébrales se font sentir. Aussi ces femmes sont dans la plus part du temps coupées par les outils de travail, ou même piquées par les arrêtes des poissons. Ce qui crée des infections graves, quand celles-ci sont négligées ou males soignées. A cause de l’aspect de l’activité exercée, ces femmes restent dans l’obligation de porter des vêtements impropres ce qui leur donne des démangeaisons sur le corps. Aussi, ces dernières trempent très souvent leurs pieds et mains dans les eaux salles utilisées pour laver les poissons. Ce qui favorise le panaris selon Angélina et Sylvie. Une situation qui selon elles, n’est pas pour autant désagréables puisque l’habitude y est. « Outre ces difficultés que nous rencontrons, les relations entre nous femmes exerçant ce métier, restent parfois désagréable, nous nous arrachons à des moments donnés les marchés et les clients, ce qui crée des frustrations au niveau des unes et des autres. Des disputes ne cessent de s’éclater mais nous restons surtout solidaires ». Les conditions de travail étant difficiles, celles sanitaires l’est encore plus. Ces femmes soufrent de façon récurrente des maladies diarrhéiques et des infections cutanées. Dans ces cas de figure elles disent recourir à un traitement peu efficace. Ce qui crée d’autres pathologies à confirmer le médecin généraliste Joslyn Acakpo. Avec les moyens limités, ce sont les médicaments du marché qui constituent leur premier secours. 

                                                                           Sonia Hadonou